Année 533 :
Bien décidés à ne pas se soumettre une année supplémentaire aux aléas de la procrastination, nos fiers chevaliers décident une fois de plus de partir en chasse. Depuis quelques temps, ils ont, en effet, en ligne de mire trois proies particulières.
La première est un serpent à huppe multicolore autrement connu sous le nom de basilique. La poursuite de ce monstre est presque une histoire de famille, les pères de nos héros l’ayant déjà affronté. Il faut dire que l’adversaire est sérieux, outre le regard pétrifiant propre à son espèce (hypothèse non vérifiée mais, qui irait prendre le risque), son sang est un acide puissant capable de ronger les meilleurs armes et armures (ainsi que les corps situés au-dessous). Pire, une fois vaincue la créature rapetisse mystérieusement et s’enfuit à une vitesse rendant vaine toute poursuite. Les chevaliers se sont donc munis d’un important allié : la belette dorée ennemi héréditaire des basiliques. L’animal a certes fier allure mais, sa taille qui s’apparente à celle d’un chat laisse présager d’un combat peu équilibré.
La deuxième proie est un mystérieux loup noir, lié au seigneur Aeron et à feu le seigneur Beletor par une sombre malédiction. Cette créature faerique est aussi grosse qu’un chargeur, douée d’une redoutable intelligence et en outre, accompagnée d’une importante meute. Fort heureusement, ces loups là sont d’une taille très raisonnable : ils ne sont pas plus hauts que des poneys. Depuis quelques mois, frêre Ysgaran, un moine originaire de Glastonburry et expert dans la lutte contre le Malin, accompagne donc notre groupe de chevaliers. Faute d’avoir pu leur donner encore conseil sur la nature de leur ennemi, celui-ci semble s’employer à transcrire leurs aventures dans les parchemins qui ne le quittent jamais…
La dernière cible ne peut décemment pas être affublée du titre de proie car, il s’agit d’un dragon… C’est sire Marie qui a besoin d’une fiole de sang de cette créature pour un mystérieux rituel (sur lequel elle ne s’est, d’ailleurs pas étendue). Mais comment, résister au charme d’une vraie Dame ? Comme un Dragon a été repéré près de Norwitch en Anglia, nos valeureux compagnon l’ont donc tout simplement ajouté à leur programme.
Sire Marie, sire Iwell et les seigneurs Mollacus et Aeron se sont donnés rendez-vous à Camelot au tout début du printemps afin de partir en chasse. Comme à leur habitude, ils ont sous-estimé les conséquences de leur passage à la cour. Le Roi, tout d’abord, annonce à ses Chevaliers de la Table Ronde (Mollacus et Aeron) qu’il aura une réponse pour sa sœur la reine Morgane à la Pentecôte (Morgane ayant fermé ses frontières à tout autre chevalier qu’eux même, le choix des messagers ne laisse aucun doute, d’autant que c’est le seigneur Aeron qui souhaite rapprocher les deux ennemis). Marie est de son côté convoquée par la Reine Guenièvre. Celle-ci souhaite que sire Iwell participe au concours des Chevaliers de la Reine et que les seigneurs Mollacus et Aeron en soient les juges et, elle leur serait aussi reconnaissante d’inviter le Seigneur Lancelot que l’on voit si peu à la cour… Bref, la durée de la chasse vient de raccourcir sérieusement car, ils devront être de retour à Camelot dans moins de deux mois.
Ce passage à la cour permet aussi de rencontrer le nouveau Druide de Camelot Rodhri. Ce personnage est bien connu des chevaliers comme ancien Druide du Duc Gwern, un vieil ami mais surtout par sa légendaire modestie (il a, paraît-il, tout appris à Merlin). Aeron le consulte néanmoins sur sa malédiction : depuis que le grand loup faerique de la voie d’Icned lui a arraché l’oreille gauche, il se sent parfois envahi par des poussées de rage quasi incontrôlables. Il n’a certes pas failli jusqu’à aujourd’hui mais, il se souvient que Belletor affligé du même mal, en est venu à attaquer sire Marie l’épée à la main. Rodhri éclaire les évènements sous un angle nouveau. D’après lui, la créature n’est pas un loup mais, un chien faerique (et tant pis pour l’hypothèse du loup garou). La Dame aux Chiens de la voie d’Icned a été terrassée il y a quelques années par un chevalier très chrétien, et peut-être ce brave-en sait-il plus sur la créature ? Fort de ce conseil, Aeron se promet de questionner ses pairs à la prochaine réunion de la Table Ronde.
Enfin en route, pour leur chasse, les chevaliers décident de passer par les Terre du Seigneur Ysatis. Ce vieil ami de leurs parents possèderait la Lance de Saint Georges qui peut s’avérer fort utile pour occire un dragon. Malheureusement, l’homme au caractère déjà difficile ne s’est pas amélioré en vieillissant. Il lui est en particulier difficile de même concevoir qu’une femme puisse être adoubée. Au terme d’une conversation tendue, il accepte de remettre la Lance si on lui ramène un chapelet béni par l’Archevèque Bavid ou la tête d’une sorcière (un païen peut aussi faire l’affaire). Une dernière solution consiste à lui obtenir une entrevue auprès du roi Pèlerin.
Après cette courtoise visite, la chasse peut enfin commencer. Muni de la redoutable belette dorée, les chevaliers partent vers le Marais du Feyns dernier territoire connu du serpent à huppe multicolore. Le lieu est boueux et inhospitalier et le petit groupe se retrouve bien vite perdu. La vue de l’océan et quelques autres bizarreries les amènent même à penser qu’ils sont passés en royaume faérique. Depuis le ré-enchantement du royaume de Bretagne par leurs parents, la frontière entre monde magique et réalité est devenue fort ténue et le passage d’un monde à l’autre sans même s’en rendre compte est chose courante. Toujours est-il qu’au bout de deux semaines d’errance la proie est enfin localisée. C’est le Seigneur Mollacus qui s’élance le premier alors que ses compagnons, un instant figé d’effroi perdent de précieuses secondes. L’assaut est violent. Et si le serpent ne parvient pas à frapper directement les héros, l’acide issu de son sang et de son crachat détruit épées armures et boucliers. Quand la bête tombe enfin sous les coups, elle rapetisse subitement et s’enfuit à une vitesse impressionnante. Aux appels des chevaliers, les écuyers ont ouverts la cage de la belette dorée mais celle-ci se contente de rester mollement dans sa prison plutôt que de poursuivre son ennemi héréditaire! Ainsi, nos héros ont échoués car, si le basilique est de nouveau en fuite, il n’a pas été définitivement abattu. Las, en plus de cet échec, le combat laisse la petite troupe exsangue. Si Marie n’est que légèrement blessée, le Seigneur Mollacus, son plastron de cuir rongé par l’acide, nécessite des soins importants.
Les miasmes du marécage ne facilite pas la récupération du blessé et le seigneur Aeron décide de partir explorer les environs en laissant la garde du campement à sire Marie. Chaque jour, il s’éloigne plus avant afin de chercher le chemin des secours pour son ami. Il croise une panthère et un bargheist qu’il abat sans rechigner puis un lion qu’il préfère éviter avant au huitième jour, de découvrir un étrange manoir sur un ilot du marais. Ayant toqué à l’huis, il est accueilli par la plus belle des femmes (même l’extraordinaire dame Guenièvre pâlit face à une telle beauté). Dame Eleonore vit ici en compagnie de Maurien et d’étranges petites fées bleues (les Nac Mac Figgles). Son compagnon, tout aussi beau qu’elle, git au lit gravement brulé lors d’un combat contre le basilique. La belle Dame est heureuse d’apprendre que le monstre a été chassé et offre l’hospitalité au petit groupe de chevaliers. Fort de cette nouvelle, Aeron chevauche rapidement vers le campement.
Pendant ce temps, le lion épargné par Aeron, profite sournoisement du crépuscule pour attaquer le camp alangui. Sire Marie fait vaillamment face à la créature féroce et parvient à la navrer. Puis, le seigneur Mollacus, malgré ses graves blessures, quitte sa couche et se joint à la mêlée. Le fauve n’est pas de taille face aux deux chevaliers et finit taillé en pièces. Lorsque le Seigneur Aeron, parvient au camp accompagné des minuscules « fées » bleues le dépeçage est déjà en cours.
La petite troupe rejoint alors le manoir et fort de l’hospitalité des seigneurs des lieux et des connaissances médicales des chevaliers, il suffit de quelques semaines avant que les blessés puissent de nouveau chevaucher. Maurien se charge alors de guider la petite troupe hors du monde faerique vers les terres de Bretagne. Ayant appris que les armes du chevalier-fae ont été détruites par l’acide du basilique, le seigneur Aeron lui offre ses armes et armures de rechange (épée, écu, lance et demi-plaque).
Sur le chemin de Camelot, la petite troupe croise un chevalier tout de blanc vêtu sur un destrier à la robe immaculée. Celui-ci les défie à la joute et les défait chacun leur tour (même si plusieurs d’entre eux ont la sensation qu’ils auraient dû lui faire vider les étriers). Ils apprendront plus tard à la Table Ronde de la bouche de sire Dragan (sans doute le meilleur jouteur de Bretagne avec Lancelot) que ce chevalier fae était en fait maudit. Ayant refusé de laisser le passage d’un pont à une vieille femme, celle-ci l’a condamné à rester en selle tant qu’il n’en serait pas chassé par un adversaire en combat honorable.
Le retour à la capitale d’Arthur est toujours un moment de retrouvailles. C’est tout d’abord le Druide Rodhry qui est une fois de plus de bons conseils sur la chasse entreprise par nos valeureux chevaliers : la belette dorée chasse le basilique à l’odorat, il est donc important de se placer au vent avant de la lâcher sur sa proie. En outre, l’espérance de vie de la créature n ‘est que de quelques années et celle offerte à Marie par son époux est maintenant bien vieille... Qu’à cela ne tienne, Marie, Mollacus et Aeron décident aussi tôt d’envoyer leurs mesniers en quérir de nouvelles ! Quant aux Dragons Rodhry en connaît plusieurs en Bretagne (même s’il s’applique soigneusement à éviter ces dangereuses créatures) : celui de Norwitch est imposant et aurait déjà tué une centaine de Chevaliers mais reste sans doute moins dangereux que celui de la Forêt de Quinqueroi, une énorme bête de plus de 200 pas du museau au bout de la queue. La forêt de Dean (qui abrite le Royaume perdu d’Eyrlin dont la Bretagne est sans nouvelles depuis 20 ans) serait aussi le territoire d’un de ces grands sauriens. Bref, nos héros ont l’embarras du choix !
Puis, Gauvain est, fidèle à son habitude, au courant de toutes les rumeurs de la Cour. La cousine de la reine Guenièvre, dame Elysabelle doit se rendre à Paris pour épouser sire Philippe un cousin du Roi de France. Gauvain, après une année passée à la cour en tant que Chevalier de la Reine compte bien être du voyage histoire de vérifier si les françaises sont aussi ribaudes que le veut leur réputation.
Enfin, le grand jour arrive. La sélection des Chevaliers de la Reine pour la prochaine année commence. Elle regroupe une centaine de candidats (dont sire Iwell fort motivé par son épouse qui l’a menacé de laisser son lit froid jusqu’à ce qu’il soit accepté) et une vingtaine de jurés issus de la précédente « promotion ». Trois membres du jury font exception à cette règle : Marie, membre permanent de cet Ordre, Mollacus et Aeron, présents à la demande personnelle de la Reine. Les épreuves se succèdent pendant trois jours, couvrant tous les aspects de la courtoisie et l’ensemble des règles de la Cour d’Amour de Guenièvre. Sire Iwell montre des qualités parfois inattendues : chant, harpe et même jeu, ses performances sont remarquables. Il pallie même un manque de connaissance « théorique » (la fauconnerie) ou pratique (les pieds de sa cavalière pour la danse s’en souviennent encore) par une parfaite courtoisie.
La cérémonie finale a lieu en présence de la Reine Guenièvre. Après un discours de Marie, Iwell, Aeron et Mollacus se voient remettre une magnifique broche en forme de Rose Blanche. Ils sont maintenant chevaliers de la reine au service de Guenièvre pour un an.
Comme chaque Pentecôte, le roi Arthur réunit ses chevaliers autour de la table ronde. C’est l’occasion pour chacun de narrer ses exploits de l’année passée mais aussi, de deviser tout simplement entre pairs. A cette occasion, Arthur annonce à Aeron et Mollacus qu’il est prêt à pardonner Morgane… Pour la dernière fois. Ils apprennent aussi de la bouche de Sire Bledig que c’est sire Begvaldus le Bel, vassal du seigneur Liwell le brave qui a jadis vaincu la Dame aux Chiens de la voie d’Icned. Son fief de Gotham est situé au Nord de Leicester.
Quelques jours plus tard, la Cour est témoin d’un violent conflit entre le Roi Anquist et les chevaliers du Clan de Ganne qui l’accusent de la mort de leur ami Hugo. Le roi d’Irlande est fort dépourvu car son champion n’est pas présent pour le représenter au jugement de Dieu réclamé par Blamor de Gannes. Heureusement pour lui, un jeune Chevalier Tristan accepte de le représenter. Après un combat épique, sire Blamor préfère mourir que s’avouer vaincu et déshonorer son Clan. Tristan demande justice aux rois présents. Arthur déclare Anquist vainqueur et réclame la paix des braves. Le roi d’Irlande et le clan de Gannes s’en trouvent réconciliés et Tristan muni d’une épouse : Iseult la fille d’Anquist. Une question reste tout de même ouverte : qui a tué Hugo ?
Un jour, Aeron au Cheval Blanc reçoit une surprenante visite : Sire Lupinus est un vieux Chevalier édenté qui est surnommé le Valeureux en sa présence et le Cruel en son absence. Celui-ci est venu réclamer justice. En effet, sire Egon vassal de Marie dans le Dorset a plusieurs fois chassé sur ses terres. Averti de ce manquement, il s’est ri de sire Lupinus et a renouvelé cette « provocation ». Lupinus ne plaisante pas, si Egon n’est pas rappelé à l’ordre, il déclenchera une « tuerie » selon ses propres termes. Conscient que les chevaliers concernés ne peuvent l’accompagner dans le Dorset toute affaire cessante, il réclame de les accompagner jusqu’au traitement du problème. Soucieux d’éviter un bain de sang, Aeron accepte ce nouveau compagnon et Marie envoie un message à son vassal.
Le petit groupe ainsi constitué demande à la Reine Guenièvre l’autorisation de partir pour la Belle Regarde le château de Morgane. La reine accepte sous deux conditions : les chevaliers doivent porter haut ses couleurs et transmettre ses condoléances pour la mort d’Yvain. Mais surtout, sire Pelandre doit les accompagner afin de leur apprendre la broderie car elle souhaite que chacun des chevaliers de la Reine puisse lui offrir un mouchoir brodé de ses initiales au terme de son année de service. Devant le manque d’enthousiasme de Marie, celle-ci se voit accorder un délai : elle aura 7 ans mais pour broder une tapisserie représentant l’Amour triomphant de la Mesquinerie…
C’est donc une troupe de 6 chevaliers qui se met en route vers le Nord : le comte Mollacus, le baron Aeron, les bannerets Marie et Lupinus, le vassal Iwell et le mesnier Pelandre. Chaque soir au campement les chevaliers de la Reine prennent consciencieusement leur leçon de broderie de sire Pelandre (sous le regard interloqué de Lupinus !). Et chaque matin, ils lui donnent une leçon d’épée (à bon entendeur…).
En chemin, nos héros s’arrêtent à Gotham, fief de sire Degvalus. Celui-ci est beau comme un ange et se révèle un hôte charmant et tolérant. Il leur fit le récit de ses deux rencontre avec la Dame aux Chiens de la voie d’Icned. La première fois, il a dû renoncer face à sa magie et à ses molosses. Mais la seconde, il s’est plongé dans une pieuse prière après avoir tué un petit groupe de ces créatures monstrueuses. Face à la force de sa foi, il a senti la magie maléfique se dissiper et entendu un hurlement de rage. Ce n’est que plus tard qu’il a appris le nom de cette sorcière : Freyd. Freyd, la mauvaise fae, ce nom est d’une grande signification pour nos chevaliers. Il y a très longtemps ses manipulations ont conduit sire Morganor un compagnon de leurs pères jusqu’à la damnation. Plus encore, sa présence dans l’étang d’Helstrie a corrompu le fief d’Aedan, le père de Marie. Puis, c’est Dame Arianwen épouse d’Aeron qui a subit et subit encore sa malédiction au travers d’une dague maléfique (seul les bons soins des dames du lac peuvent en atténuer les effets). Il y a des années, nos chevaliers ont franchi les frontières du domaine faerique caché au-delà de l’étang d’Helstrie et vaincu définitivement la sorcière au prix de la vie d’un de leur compagnon…
Le souvenir est amer mais, c’est armé d’une connaissance nouvelle que la troupe repart vers les terres de Morgane. La frontière de celles-ci est gardé par une barrière magique miroitante que nos compères franchissent sans hésiter. Après quelques heures de chevauchée au milieu de terres gastes, ils atteignent enfin la Belle Regarde, le grand château noir. La magicienne (d’aucun dirait sorcière) les reçoit rapidement en compagnie d’un jeune chevalier. Elle accueille froidement l’annonce de la mort de son fils Yvain le chevalier au Lion et les condoléances de la Reine. A l’annonce du pardon d’Arthur, elle requiert d’être escorté jusqu’à Camelot pour renouveler son allégeance à Arthur… Aeron a alors le cœur réjouit et rempli de crainte. Réjoui car, les Dames du Lac lui ont jadis appris que cette réconciliation est de grande importance pour l’avenir de la Bretagne. Mais inquiet car, il sait que le retour en grâce de Morgane n’empêchera pas complots et manipulations.
Avec une escorte de 6 valeureux chevaliers le retour à Camelot ne peut que se dérouler sans encombre. Arthur organise un grand festin pour fêter sa réconciliation avec sa demi-soeur. Elle siège à sa droite et un cardinal romain en visite en Bretagne, Anselmus, est installé à sa gauche. Les chevaliers escortant Morgane et sa suite sont installés ensemble à la table d’honneur. Cette suite de Morgane est composée de six est composée de six gentes dames : Alice, vêtue de bleu, est attablée avec Aeron. Diane, dans sa robe rouge, siège près de Mollacus. Les atours de Feuneth sont verts et elle accompagne Iwell. Marie est assise près de Sanguive à la tenue jaune. Lodine , la compagne de Lupinus, est habillée de rose et enfin, Freyd, la voisine de Pelandre, est parée de mauve.
Elles sont toutes charmantes et fières de siéger en si notable compagnie. Le début du repas est joyeux quand soudain une esclandre éclate entre Morgane et Anselmus. Celui-ci a comparé les chevaliers en train de danser avec ses dames d’atour à des « amants latins ». Morgane est furieuse. Selon elle, les chevaliers de Bretagne gagnent le cœur des dames par leurs hauts faits et non par des mots creux et des courbettes ! D’ailleurs, les chevaliers qui l’escortent vont le prouver immédiatement ! Devant l’assemblée (et six héros) médusés, elle déclare : Je lance un défi au Cardinal Anselmus, mes chevaliers se rendront au tournoi de la forêt de Beudegraine organisé par sire Brillan le manchot et ils ramèneront les Honneurs du Bois de l’Est pour le bonheur de mes suivantes… Et d’ajouter en aparté avec lesdits chevaliers : « et si vous ne les ramenez pas, vous serez tous trois fois maudits… ».
Voilà donc une petite troupe fort motivée qui se prépare à partir pour le fief de sire Brillan. Avant de se mettre en route, un petit point d’étape sur la chasse (qui était je le rappel la priorité de cette année) avec Rhodry permet de clarifier certains points : les chiens seraient devenus maitres d’eux-même lorsque Degvalus a brisé le pouvoir de Freyd… Le fait de marquer les chevaliers pourrait même être un « appel à l’aide » destiné à obtenir une libération complète du mal qui les habite. Le druide espère de toute façon en savoir un peu plus dans quelques semaines lorsque les astres lui seront favorable….
Les chevaliers accompagnés du Cardinal Anselmus, de Morgane et de ses dames de compagnie arrivent au Bois de L’Est quatre jours avant le début du tournoi. Ils sont accueillis par sire Brillan et dame Isabella. Celui-ci ayant appris le défi de Morgane soumet un problème aux chevaliers : depuis de nombreuses années, des brigands sévi cent sur ses terres. Ils sont dirigés par un chevalier de Gaur, sire Melgor McCrockan. Ils ont été vus dernièrement près d’une chapelle à ½ journée de cheval et débarrasser le fief d’une telle engeance, est sans doute une tâche à la hauteur du défi…
En bonne marionnettes au bout de leur fils, nos sires partent donc sur les traces du chevalier brigand. La piste est aisée à suivre (même si quelques indices laissent à penser que sire Brillan traite bien mal ses paysans) et nos héros arrivent bientôt dans une clairière abritant un vieux pavillon délabré. L’embuscade des brigands est facilement déjouée (sauf pour Mollacus qui voit son armure percée deux fois par un coup chanceux !). Pendant que Lupinus, fidèle à sa réputation s’adonne aux joies de la poursuite). Une forme en armure sort de la tente et jette un défi. Aeron s’élance et dès la première lance jette son ennemi à terre percé de part en part. Celui-ci s’avère en fait, être une femme car sire Melgor git très gravement blessé sous le pavillon. Celui-ci, meurtri par la mort de son épouse, reconnaît à la fois sa défaite et sa lassitude pour cette vie. Comme, il est gravement blessé et intransportable, Elvira l’écuyère de Marie reste sur place pour le soigner avant de le remettre à la justice du seigneur des lieux et Aeron adoube Albanus, qui assurera la sécurité de la place.
La petite troupe est de retour au Bois de l’Est pour le début du tournoi. Celui-ci commence rapidement malgré l’absence de dame Dwyndwen une riche vassale de sire Brillan. Traditionnellement, trois épreuves vont se succéder : la joute , la mélée, et les défis (que nos amis ne pourront ni refuser ni perdre sous l’habituelle menace d’une triple malédiction !).
La joute oppose les chevaliers à la lance et les chevaliers d’Arthur se montrent brillants ! Mollacus bat le seigneur des lieux puis Lupinus, Marie, Iwell et Lupinus occupent les quatre places de la demi-finale. C’est finalement Aeron qui l’emporte deux lances à une malgré une malveillance de Lupinus (malveillance vite pardonnée par le clément Aeron).
Pour la mêlée, nos héros sont dans l’équipe du fief de Bois de l’Est et seront (mal) commandés par sire Kaelwin le champion de sire Brillan (excusé par la blessure infligé par Mollacus lors de la joute). Marie, qui dirige la petite troupe, fait des miracles pour compenser les erreurs de jugement de Kaelwin. Nos héros survolent donc la bataille sans incidents (sauf pour les deux chevaliers tués l’un par Lupinus, plutôt volontairement et par Aeron qui retenait pourtant ses coups) et c’est sire Iwell avec deux captures qui est déclaré vainqueur…
Reste les défis et nos amis par leur vaillance se sont attirés de multiples adversaires. Ils se joueront en l’absence de Morgane et de sa suite appelés à Camelot et c’est Anselmus qui jugera son défi. Les choses ont plutôt bien commencées, Marie et Aeron expédiant rapidement leur premier combat, quand une petite troupe sale et épuisée fait irruption au milieu de l’assemblée. C’est dame Dwyndwen et ses 6 chevaliers d’escorte retardés par l’assaut d’une troupe de brigands. Sire Brillan est furieux et accuse nos héros de mensonge. Le cardinal lui donne raison (après tout c’est son beau-frêre) et proclame de nouvelles règles : le défi opposera les 6 chevaliers d’Arthur à tous ceux les ayant défiés en un seul combat. Mieux, les blessés lors des épreuves précédentes seront remplacés par les chevaliers indemnes de Dame Dwynden. Enfin, tout chevalier pourra refuser la reddition de son ennemi sans entacher son honneur. Seul un ennemi à terre ne devra pas être achevé
Entre le sous-nombre (ils sont à un contre deux), l’absence de merci et la malédiction qui les guette, nos héros se préparent au combat la mort dans l’âme agacés par ce manque de courtoisie et bien décidés à ne pas retenir leur coups. Aguerris, ils décident de combattre en cercle épaule contre épaule afin de pouvoir se soutenir mutuellement et d’éviter à leur ennemi de trop profiter de sa supériorité numérique. Ainsi disposé, chacun affrontera initialement un chevalier du tournoi et un suivant de dame Dwynden et Dieu pourvoira à la suite ! Malgré les coups qui commencent à pleuvoir et la gêne occasionnée par leur casque, plusieurs compagnons font le même étrange constat : les six chevaliers de Dwynden bien que très vindicatifs sont plutôt maladroits et tous portent un écu plein, bleu, rouge, vert, jaune, rose ou mauve qui rappellent les couleurs de certaines dames de leur connaissance. La mêlée se poursuit donc en essayant d’éviter de blesser ces étranges et agressifs chevaliers. Certains triomphent facilement comme Iwell ou Aeron qui décapite Kaelwin, le champion de Brillan au premier coup d’épée ou très difficilement comme Peliandre, plusieurs fois blessé qui voit venir Marie et Aeron à son secours. En quelques minutes, le terrain est nettoyé de tout ennemi hors les six « écus pleins » toujours vindicatifs et inefficaces et un chevalier local qui jette son épée, bien surpris et heureux d’être vivants au milieu de tous ces morts. Il faudra encore un long moment pour triompher de la suite de dame Dwynden qui entre bousculade et désarmement abandonnera d’épuisement sans autres blessures que quelques bleus. Leurs casques ôtés , ce sont bien les jolis minois des dames de Compagnie de la suite de Morgane qui font leur apparition, dame Dwyndren changeant aussi d’apparence pour révéler la magicienne. Celle-ci prend la parole : toutes les dettes sont payés et tous peuvent partir en paix. Les preux chevaliers d’Arthur vainqueur des épreuves seront maintenant connus comme les Chevaliers du Défi. En récompense, ils pourront utiliser de belles armures d’alliage léger et courtiser ses dames (pas évident pour des chevaliers mariés et amoureux !).
Ainsi fini le tournoi de la forêt de Beudegraine et, même si ils en sortent vainqueurs et glorieux, nos héros ne peuvent que constater la duplicité de Morgane et ravaler leur ressentiments envers la demi-sœur du roi.
Les chevaliers rejoignent donc Camelot au milieu de l’automne afin de reprendre leur place auprès de la Reine. Ils prennent alors des nouvelles de la quête donnée à leurs mesniers. Les vassaux de Mollacus ont échoué à trouver une belette doré mais sire Artis, mesnier d’Aeron a réussi à capturer le précieux animal. Malheureusement, Sire Arnault et sire Gerald ont perdu la vie lors de cette chasse, tous deux tués par un couple de lions.
Bien décidés à ne pas se soumettre une année supplémentaire aux aléas de la procrastination, nos fiers chevaliers décident une fois de plus de partir en chasse. Depuis quelques temps, ils ont, en effet, en ligne de mire trois proies particulières.
La première est un serpent à huppe multicolore autrement connu sous le nom de basilique. La poursuite de ce monstre est presque une histoire de famille, les pères de nos héros l’ayant déjà affronté. Il faut dire que l’adversaire est sérieux, outre le regard pétrifiant propre à son espèce (hypothèse non vérifiée mais, qui irait prendre le risque), son sang est un acide puissant capable de ronger les meilleurs armes et armures (ainsi que les corps situés au-dessous). Pire, une fois vaincue la créature rapetisse mystérieusement et s’enfuit à une vitesse rendant vaine toute poursuite. Les chevaliers se sont donc munis d’un important allié : la belette dorée ennemi héréditaire des basiliques. L’animal a certes fier allure mais, sa taille qui s’apparente à celle d’un chat laisse présager d’un combat peu équilibré.
La deuxième proie est un mystérieux loup noir, lié au seigneur Aeron et à feu le seigneur Beletor par une sombre malédiction. Cette créature faerique est aussi grosse qu’un chargeur, douée d’une redoutable intelligence et en outre, accompagnée d’une importante meute. Fort heureusement, ces loups là sont d’une taille très raisonnable : ils ne sont pas plus hauts que des poneys. Depuis quelques mois, frêre Ysgaran, un moine originaire de Glastonburry et expert dans la lutte contre le Malin, accompagne donc notre groupe de chevaliers. Faute d’avoir pu leur donner encore conseil sur la nature de leur ennemi, celui-ci semble s’employer à transcrire leurs aventures dans les parchemins qui ne le quittent jamais…
La dernière cible ne peut décemment pas être affublée du titre de proie car, il s’agit d’un dragon… C’est sire Marie qui a besoin d’une fiole de sang de cette créature pour un mystérieux rituel (sur lequel elle ne s’est, d’ailleurs pas étendue). Mais comment, résister au charme d’une vraie Dame ? Comme un Dragon a été repéré près de Norwitch en Anglia, nos valeureux compagnon l’ont donc tout simplement ajouté à leur programme.
Sire Marie, sire Iwell et les seigneurs Mollacus et Aeron se sont donnés rendez-vous à Camelot au tout début du printemps afin de partir en chasse. Comme à leur habitude, ils ont sous-estimé les conséquences de leur passage à la cour. Le Roi, tout d’abord, annonce à ses Chevaliers de la Table Ronde (Mollacus et Aeron) qu’il aura une réponse pour sa sœur la reine Morgane à la Pentecôte (Morgane ayant fermé ses frontières à tout autre chevalier qu’eux même, le choix des messagers ne laisse aucun doute, d’autant que c’est le seigneur Aeron qui souhaite rapprocher les deux ennemis). Marie est de son côté convoquée par la Reine Guenièvre. Celle-ci souhaite que sire Iwell participe au concours des Chevaliers de la Reine et que les seigneurs Mollacus et Aeron en soient les juges et, elle leur serait aussi reconnaissante d’inviter le Seigneur Lancelot que l’on voit si peu à la cour… Bref, la durée de la chasse vient de raccourcir sérieusement car, ils devront être de retour à Camelot dans moins de deux mois.
Ce passage à la cour permet aussi de rencontrer le nouveau Druide de Camelot Rodhri. Ce personnage est bien connu des chevaliers comme ancien Druide du Duc Gwern, un vieil ami mais surtout par sa légendaire modestie (il a, paraît-il, tout appris à Merlin). Aeron le consulte néanmoins sur sa malédiction : depuis que le grand loup faerique de la voie d’Icned lui a arraché l’oreille gauche, il se sent parfois envahi par des poussées de rage quasi incontrôlables. Il n’a certes pas failli jusqu’à aujourd’hui mais, il se souvient que Belletor affligé du même mal, en est venu à attaquer sire Marie l’épée à la main. Rodhri éclaire les évènements sous un angle nouveau. D’après lui, la créature n’est pas un loup mais, un chien faerique (et tant pis pour l’hypothèse du loup garou). La Dame aux Chiens de la voie d’Icned a été terrassée il y a quelques années par un chevalier très chrétien, et peut-être ce brave-en sait-il plus sur la créature ? Fort de ce conseil, Aeron se promet de questionner ses pairs à la prochaine réunion de la Table Ronde.
Enfin en route, pour leur chasse, les chevaliers décident de passer par les Terre du Seigneur Ysatis. Ce vieil ami de leurs parents possèderait la Lance de Saint Georges qui peut s’avérer fort utile pour occire un dragon. Malheureusement, l’homme au caractère déjà difficile ne s’est pas amélioré en vieillissant. Il lui est en particulier difficile de même concevoir qu’une femme puisse être adoubée. Au terme d’une conversation tendue, il accepte de remettre la Lance si on lui ramène un chapelet béni par l’Archevèque Bavid ou la tête d’une sorcière (un païen peut aussi faire l’affaire). Une dernière solution consiste à lui obtenir une entrevue auprès du roi Pèlerin.
Après cette courtoise visite, la chasse peut enfin commencer. Muni de la redoutable belette dorée, les chevaliers partent vers le Marais du Feyns dernier territoire connu du serpent à huppe multicolore. Le lieu est boueux et inhospitalier et le petit groupe se retrouve bien vite perdu. La vue de l’océan et quelques autres bizarreries les amènent même à penser qu’ils sont passés en royaume faérique. Depuis le ré-enchantement du royaume de Bretagne par leurs parents, la frontière entre monde magique et réalité est devenue fort ténue et le passage d’un monde à l’autre sans même s’en rendre compte est chose courante. Toujours est-il qu’au bout de deux semaines d’errance la proie est enfin localisée. C’est le Seigneur Mollacus qui s’élance le premier alors que ses compagnons, un instant figé d’effroi perdent de précieuses secondes. L’assaut est violent. Et si le serpent ne parvient pas à frapper directement les héros, l’acide issu de son sang et de son crachat détruit épées armures et boucliers. Quand la bête tombe enfin sous les coups, elle rapetisse subitement et s’enfuit à une vitesse impressionnante. Aux appels des chevaliers, les écuyers ont ouverts la cage de la belette dorée mais celle-ci se contente de rester mollement dans sa prison plutôt que de poursuivre son ennemi héréditaire! Ainsi, nos héros ont échoués car, si le basilique est de nouveau en fuite, il n’a pas été définitivement abattu. Las, en plus de cet échec, le combat laisse la petite troupe exsangue. Si Marie n’est que légèrement blessée, le Seigneur Mollacus, son plastron de cuir rongé par l’acide, nécessite des soins importants.
Les miasmes du marécage ne facilite pas la récupération du blessé et le seigneur Aeron décide de partir explorer les environs en laissant la garde du campement à sire Marie. Chaque jour, il s’éloigne plus avant afin de chercher le chemin des secours pour son ami. Il croise une panthère et un bargheist qu’il abat sans rechigner puis un lion qu’il préfère éviter avant au huitième jour, de découvrir un étrange manoir sur un ilot du marais. Ayant toqué à l’huis, il est accueilli par la plus belle des femmes (même l’extraordinaire dame Guenièvre pâlit face à une telle beauté). Dame Eleonore vit ici en compagnie de Maurien et d’étranges petites fées bleues (les Nac Mac Figgles). Son compagnon, tout aussi beau qu’elle, git au lit gravement brulé lors d’un combat contre le basilique. La belle Dame est heureuse d’apprendre que le monstre a été chassé et offre l’hospitalité au petit groupe de chevaliers. Fort de cette nouvelle, Aeron chevauche rapidement vers le campement.
Pendant ce temps, le lion épargné par Aeron, profite sournoisement du crépuscule pour attaquer le camp alangui. Sire Marie fait vaillamment face à la créature féroce et parvient à la navrer. Puis, le seigneur Mollacus, malgré ses graves blessures, quitte sa couche et se joint à la mêlée. Le fauve n’est pas de taille face aux deux chevaliers et finit taillé en pièces. Lorsque le Seigneur Aeron, parvient au camp accompagné des minuscules « fées » bleues le dépeçage est déjà en cours.
La petite troupe rejoint alors le manoir et fort de l’hospitalité des seigneurs des lieux et des connaissances médicales des chevaliers, il suffit de quelques semaines avant que les blessés puissent de nouveau chevaucher. Maurien se charge alors de guider la petite troupe hors du monde faerique vers les terres de Bretagne. Ayant appris que les armes du chevalier-fae ont été détruites par l’acide du basilique, le seigneur Aeron lui offre ses armes et armures de rechange (épée, écu, lance et demi-plaque).
Sur le chemin de Camelot, la petite troupe croise un chevalier tout de blanc vêtu sur un destrier à la robe immaculée. Celui-ci les défie à la joute et les défait chacun leur tour (même si plusieurs d’entre eux ont la sensation qu’ils auraient dû lui faire vider les étriers). Ils apprendront plus tard à la Table Ronde de la bouche de sire Dragan (sans doute le meilleur jouteur de Bretagne avec Lancelot) que ce chevalier fae était en fait maudit. Ayant refusé de laisser le passage d’un pont à une vieille femme, celle-ci l’a condamné à rester en selle tant qu’il n’en serait pas chassé par un adversaire en combat honorable.
Le retour à la capitale d’Arthur est toujours un moment de retrouvailles. C’est tout d’abord le Druide Rodhry qui est une fois de plus de bons conseils sur la chasse entreprise par nos valeureux chevaliers : la belette dorée chasse le basilique à l’odorat, il est donc important de se placer au vent avant de la lâcher sur sa proie. En outre, l’espérance de vie de la créature n ‘est que de quelques années et celle offerte à Marie par son époux est maintenant bien vieille... Qu’à cela ne tienne, Marie, Mollacus et Aeron décident aussi tôt d’envoyer leurs mesniers en quérir de nouvelles ! Quant aux Dragons Rodhry en connaît plusieurs en Bretagne (même s’il s’applique soigneusement à éviter ces dangereuses créatures) : celui de Norwitch est imposant et aurait déjà tué une centaine de Chevaliers mais reste sans doute moins dangereux que celui de la Forêt de Quinqueroi, une énorme bête de plus de 200 pas du museau au bout de la queue. La forêt de Dean (qui abrite le Royaume perdu d’Eyrlin dont la Bretagne est sans nouvelles depuis 20 ans) serait aussi le territoire d’un de ces grands sauriens. Bref, nos héros ont l’embarras du choix !
Puis, Gauvain est, fidèle à son habitude, au courant de toutes les rumeurs de la Cour. La cousine de la reine Guenièvre, dame Elysabelle doit se rendre à Paris pour épouser sire Philippe un cousin du Roi de France. Gauvain, après une année passée à la cour en tant que Chevalier de la Reine compte bien être du voyage histoire de vérifier si les françaises sont aussi ribaudes que le veut leur réputation.
Enfin, le grand jour arrive. La sélection des Chevaliers de la Reine pour la prochaine année commence. Elle regroupe une centaine de candidats (dont sire Iwell fort motivé par son épouse qui l’a menacé de laisser son lit froid jusqu’à ce qu’il soit accepté) et une vingtaine de jurés issus de la précédente « promotion ». Trois membres du jury font exception à cette règle : Marie, membre permanent de cet Ordre, Mollacus et Aeron, présents à la demande personnelle de la Reine. Les épreuves se succèdent pendant trois jours, couvrant tous les aspects de la courtoisie et l’ensemble des règles de la Cour d’Amour de Guenièvre. Sire Iwell montre des qualités parfois inattendues : chant, harpe et même jeu, ses performances sont remarquables. Il pallie même un manque de connaissance « théorique » (la fauconnerie) ou pratique (les pieds de sa cavalière pour la danse s’en souviennent encore) par une parfaite courtoisie.
La cérémonie finale a lieu en présence de la Reine Guenièvre. Après un discours de Marie, Iwell, Aeron et Mollacus se voient remettre une magnifique broche en forme de Rose Blanche. Ils sont maintenant chevaliers de la reine au service de Guenièvre pour un an.
Comme chaque Pentecôte, le roi Arthur réunit ses chevaliers autour de la table ronde. C’est l’occasion pour chacun de narrer ses exploits de l’année passée mais aussi, de deviser tout simplement entre pairs. A cette occasion, Arthur annonce à Aeron et Mollacus qu’il est prêt à pardonner Morgane… Pour la dernière fois. Ils apprennent aussi de la bouche de Sire Bledig que c’est sire Begvaldus le Bel, vassal du seigneur Liwell le brave qui a jadis vaincu la Dame aux Chiens de la voie d’Icned. Son fief de Gotham est situé au Nord de Leicester.
Quelques jours plus tard, la Cour est témoin d’un violent conflit entre le Roi Anquist et les chevaliers du Clan de Ganne qui l’accusent de la mort de leur ami Hugo. Le roi d’Irlande est fort dépourvu car son champion n’est pas présent pour le représenter au jugement de Dieu réclamé par Blamor de Gannes. Heureusement pour lui, un jeune Chevalier Tristan accepte de le représenter. Après un combat épique, sire Blamor préfère mourir que s’avouer vaincu et déshonorer son Clan. Tristan demande justice aux rois présents. Arthur déclare Anquist vainqueur et réclame la paix des braves. Le roi d’Irlande et le clan de Gannes s’en trouvent réconciliés et Tristan muni d’une épouse : Iseult la fille d’Anquist. Une question reste tout de même ouverte : qui a tué Hugo ?
Un jour, Aeron au Cheval Blanc reçoit une surprenante visite : Sire Lupinus est un vieux Chevalier édenté qui est surnommé le Valeureux en sa présence et le Cruel en son absence. Celui-ci est venu réclamer justice. En effet, sire Egon vassal de Marie dans le Dorset a plusieurs fois chassé sur ses terres. Averti de ce manquement, il s’est ri de sire Lupinus et a renouvelé cette « provocation ». Lupinus ne plaisante pas, si Egon n’est pas rappelé à l’ordre, il déclenchera une « tuerie » selon ses propres termes. Conscient que les chevaliers concernés ne peuvent l’accompagner dans le Dorset toute affaire cessante, il réclame de les accompagner jusqu’au traitement du problème. Soucieux d’éviter un bain de sang, Aeron accepte ce nouveau compagnon et Marie envoie un message à son vassal.
Le petit groupe ainsi constitué demande à la Reine Guenièvre l’autorisation de partir pour la Belle Regarde le château de Morgane. La reine accepte sous deux conditions : les chevaliers doivent porter haut ses couleurs et transmettre ses condoléances pour la mort d’Yvain. Mais surtout, sire Pelandre doit les accompagner afin de leur apprendre la broderie car elle souhaite que chacun des chevaliers de la Reine puisse lui offrir un mouchoir brodé de ses initiales au terme de son année de service. Devant le manque d’enthousiasme de Marie, celle-ci se voit accorder un délai : elle aura 7 ans mais pour broder une tapisserie représentant l’Amour triomphant de la Mesquinerie…
C’est donc une troupe de 6 chevaliers qui se met en route vers le Nord : le comte Mollacus, le baron Aeron, les bannerets Marie et Lupinus, le vassal Iwell et le mesnier Pelandre. Chaque soir au campement les chevaliers de la Reine prennent consciencieusement leur leçon de broderie de sire Pelandre (sous le regard interloqué de Lupinus !). Et chaque matin, ils lui donnent une leçon d’épée (à bon entendeur…).
En chemin, nos héros s’arrêtent à Gotham, fief de sire Degvalus. Celui-ci est beau comme un ange et se révèle un hôte charmant et tolérant. Il leur fit le récit de ses deux rencontre avec la Dame aux Chiens de la voie d’Icned. La première fois, il a dû renoncer face à sa magie et à ses molosses. Mais la seconde, il s’est plongé dans une pieuse prière après avoir tué un petit groupe de ces créatures monstrueuses. Face à la force de sa foi, il a senti la magie maléfique se dissiper et entendu un hurlement de rage. Ce n’est que plus tard qu’il a appris le nom de cette sorcière : Freyd. Freyd, la mauvaise fae, ce nom est d’une grande signification pour nos chevaliers. Il y a très longtemps ses manipulations ont conduit sire Morganor un compagnon de leurs pères jusqu’à la damnation. Plus encore, sa présence dans l’étang d’Helstrie a corrompu le fief d’Aedan, le père de Marie. Puis, c’est Dame Arianwen épouse d’Aeron qui a subit et subit encore sa malédiction au travers d’une dague maléfique (seul les bons soins des dames du lac peuvent en atténuer les effets). Il y a des années, nos chevaliers ont franchi les frontières du domaine faerique caché au-delà de l’étang d’Helstrie et vaincu définitivement la sorcière au prix de la vie d’un de leur compagnon…
Le souvenir est amer mais, c’est armé d’une connaissance nouvelle que la troupe repart vers les terres de Morgane. La frontière de celles-ci est gardé par une barrière magique miroitante que nos compères franchissent sans hésiter. Après quelques heures de chevauchée au milieu de terres gastes, ils atteignent enfin la Belle Regarde, le grand château noir. La magicienne (d’aucun dirait sorcière) les reçoit rapidement en compagnie d’un jeune chevalier. Elle accueille froidement l’annonce de la mort de son fils Yvain le chevalier au Lion et les condoléances de la Reine. A l’annonce du pardon d’Arthur, elle requiert d’être escorté jusqu’à Camelot pour renouveler son allégeance à Arthur… Aeron a alors le cœur réjouit et rempli de crainte. Réjoui car, les Dames du Lac lui ont jadis appris que cette réconciliation est de grande importance pour l’avenir de la Bretagne. Mais inquiet car, il sait que le retour en grâce de Morgane n’empêchera pas complots et manipulations.
Avec une escorte de 6 valeureux chevaliers le retour à Camelot ne peut que se dérouler sans encombre. Arthur organise un grand festin pour fêter sa réconciliation avec sa demi-soeur. Elle siège à sa droite et un cardinal romain en visite en Bretagne, Anselmus, est installé à sa gauche. Les chevaliers escortant Morgane et sa suite sont installés ensemble à la table d’honneur. Cette suite de Morgane est composée de six est composée de six gentes dames : Alice, vêtue de bleu, est attablée avec Aeron. Diane, dans sa robe rouge, siège près de Mollacus. Les atours de Feuneth sont verts et elle accompagne Iwell. Marie est assise près de Sanguive à la tenue jaune. Lodine , la compagne de Lupinus, est habillée de rose et enfin, Freyd, la voisine de Pelandre, est parée de mauve.
Elles sont toutes charmantes et fières de siéger en si notable compagnie. Le début du repas est joyeux quand soudain une esclandre éclate entre Morgane et Anselmus. Celui-ci a comparé les chevaliers en train de danser avec ses dames d’atour à des « amants latins ». Morgane est furieuse. Selon elle, les chevaliers de Bretagne gagnent le cœur des dames par leurs hauts faits et non par des mots creux et des courbettes ! D’ailleurs, les chevaliers qui l’escortent vont le prouver immédiatement ! Devant l’assemblée (et six héros) médusés, elle déclare : Je lance un défi au Cardinal Anselmus, mes chevaliers se rendront au tournoi de la forêt de Beudegraine organisé par sire Brillan le manchot et ils ramèneront les Honneurs du Bois de l’Est pour le bonheur de mes suivantes… Et d’ajouter en aparté avec lesdits chevaliers : « et si vous ne les ramenez pas, vous serez tous trois fois maudits… ».
Voilà donc une petite troupe fort motivée qui se prépare à partir pour le fief de sire Brillan. Avant de se mettre en route, un petit point d’étape sur la chasse (qui était je le rappel la priorité de cette année) avec Rhodry permet de clarifier certains points : les chiens seraient devenus maitres d’eux-même lorsque Degvalus a brisé le pouvoir de Freyd… Le fait de marquer les chevaliers pourrait même être un « appel à l’aide » destiné à obtenir une libération complète du mal qui les habite. Le druide espère de toute façon en savoir un peu plus dans quelques semaines lorsque les astres lui seront favorable….
Les chevaliers accompagnés du Cardinal Anselmus, de Morgane et de ses dames de compagnie arrivent au Bois de L’Est quatre jours avant le début du tournoi. Ils sont accueillis par sire Brillan et dame Isabella. Celui-ci ayant appris le défi de Morgane soumet un problème aux chevaliers : depuis de nombreuses années, des brigands sévi cent sur ses terres. Ils sont dirigés par un chevalier de Gaur, sire Melgor McCrockan. Ils ont été vus dernièrement près d’une chapelle à ½ journée de cheval et débarrasser le fief d’une telle engeance, est sans doute une tâche à la hauteur du défi…
En bonne marionnettes au bout de leur fils, nos sires partent donc sur les traces du chevalier brigand. La piste est aisée à suivre (même si quelques indices laissent à penser que sire Brillan traite bien mal ses paysans) et nos héros arrivent bientôt dans une clairière abritant un vieux pavillon délabré. L’embuscade des brigands est facilement déjouée (sauf pour Mollacus qui voit son armure percée deux fois par un coup chanceux !). Pendant que Lupinus, fidèle à sa réputation s’adonne aux joies de la poursuite). Une forme en armure sort de la tente et jette un défi. Aeron s’élance et dès la première lance jette son ennemi à terre percé de part en part. Celui-ci s’avère en fait, être une femme car sire Melgor git très gravement blessé sous le pavillon. Celui-ci, meurtri par la mort de son épouse, reconnaît à la fois sa défaite et sa lassitude pour cette vie. Comme, il est gravement blessé et intransportable, Elvira l’écuyère de Marie reste sur place pour le soigner avant de le remettre à la justice du seigneur des lieux et Aeron adoube Albanus, qui assurera la sécurité de la place.
La petite troupe est de retour au Bois de l’Est pour le début du tournoi. Celui-ci commence rapidement malgré l’absence de dame Dwyndwen une riche vassale de sire Brillan. Traditionnellement, trois épreuves vont se succéder : la joute , la mélée, et les défis (que nos amis ne pourront ni refuser ni perdre sous l’habituelle menace d’une triple malédiction !).
La joute oppose les chevaliers à la lance et les chevaliers d’Arthur se montrent brillants ! Mollacus bat le seigneur des lieux puis Lupinus, Marie, Iwell et Lupinus occupent les quatre places de la demi-finale. C’est finalement Aeron qui l’emporte deux lances à une malgré une malveillance de Lupinus (malveillance vite pardonnée par le clément Aeron).
Pour la mêlée, nos héros sont dans l’équipe du fief de Bois de l’Est et seront (mal) commandés par sire Kaelwin le champion de sire Brillan (excusé par la blessure infligé par Mollacus lors de la joute). Marie, qui dirige la petite troupe, fait des miracles pour compenser les erreurs de jugement de Kaelwin. Nos héros survolent donc la bataille sans incidents (sauf pour les deux chevaliers tués l’un par Lupinus, plutôt volontairement et par Aeron qui retenait pourtant ses coups) et c’est sire Iwell avec deux captures qui est déclaré vainqueur…
Reste les défis et nos amis par leur vaillance se sont attirés de multiples adversaires. Ils se joueront en l’absence de Morgane et de sa suite appelés à Camelot et c’est Anselmus qui jugera son défi. Les choses ont plutôt bien commencées, Marie et Aeron expédiant rapidement leur premier combat, quand une petite troupe sale et épuisée fait irruption au milieu de l’assemblée. C’est dame Dwyndwen et ses 6 chevaliers d’escorte retardés par l’assaut d’une troupe de brigands. Sire Brillan est furieux et accuse nos héros de mensonge. Le cardinal lui donne raison (après tout c’est son beau-frêre) et proclame de nouvelles règles : le défi opposera les 6 chevaliers d’Arthur à tous ceux les ayant défiés en un seul combat. Mieux, les blessés lors des épreuves précédentes seront remplacés par les chevaliers indemnes de Dame Dwynden. Enfin, tout chevalier pourra refuser la reddition de son ennemi sans entacher son honneur. Seul un ennemi à terre ne devra pas être achevé
Entre le sous-nombre (ils sont à un contre deux), l’absence de merci et la malédiction qui les guette, nos héros se préparent au combat la mort dans l’âme agacés par ce manque de courtoisie et bien décidés à ne pas retenir leur coups. Aguerris, ils décident de combattre en cercle épaule contre épaule afin de pouvoir se soutenir mutuellement et d’éviter à leur ennemi de trop profiter de sa supériorité numérique. Ainsi disposé, chacun affrontera initialement un chevalier du tournoi et un suivant de dame Dwynden et Dieu pourvoira à la suite ! Malgré les coups qui commencent à pleuvoir et la gêne occasionnée par leur casque, plusieurs compagnons font le même étrange constat : les six chevaliers de Dwynden bien que très vindicatifs sont plutôt maladroits et tous portent un écu plein, bleu, rouge, vert, jaune, rose ou mauve qui rappellent les couleurs de certaines dames de leur connaissance. La mêlée se poursuit donc en essayant d’éviter de blesser ces étranges et agressifs chevaliers. Certains triomphent facilement comme Iwell ou Aeron qui décapite Kaelwin, le champion de Brillan au premier coup d’épée ou très difficilement comme Peliandre, plusieurs fois blessé qui voit venir Marie et Aeron à son secours. En quelques minutes, le terrain est nettoyé de tout ennemi hors les six « écus pleins » toujours vindicatifs et inefficaces et un chevalier local qui jette son épée, bien surpris et heureux d’être vivants au milieu de tous ces morts. Il faudra encore un long moment pour triompher de la suite de dame Dwynden qui entre bousculade et désarmement abandonnera d’épuisement sans autres blessures que quelques bleus. Leurs casques ôtés , ce sont bien les jolis minois des dames de Compagnie de la suite de Morgane qui font leur apparition, dame Dwyndren changeant aussi d’apparence pour révéler la magicienne. Celle-ci prend la parole : toutes les dettes sont payés et tous peuvent partir en paix. Les preux chevaliers d’Arthur vainqueur des épreuves seront maintenant connus comme les Chevaliers du Défi. En récompense, ils pourront utiliser de belles armures d’alliage léger et courtiser ses dames (pas évident pour des chevaliers mariés et amoureux !).
Ainsi fini le tournoi de la forêt de Beudegraine et, même si ils en sortent vainqueurs et glorieux, nos héros ne peuvent que constater la duplicité de Morgane et ravaler leur ressentiments envers la demi-sœur du roi.
Les chevaliers rejoignent donc Camelot au milieu de l’automne afin de reprendre leur place auprès de la Reine. Ils prennent alors des nouvelles de la quête donnée à leurs mesniers. Les vassaux de Mollacus ont échoué à trouver une belette doré mais sire Artis, mesnier d’Aeron a réussi à capturer le précieux animal. Malheureusement, Sire Arnault et sire Gerald ont perdu la vie lors de cette chasse, tous deux tués par un couple de lions.