Suite et fin de l'aventure n°0 :
D’abord, où aller ? Chercher des traces, mais lesquelles ? Celles des deux étrangers ? Ou bien aller chez le vieux fou de la montagne, sur les monts Lortmil, et l’interroger ? Même s’il n’est pas le responsable de ce vol, peut-être pourra-t-il, par ses pouvoirs, aider nos quatre amis ? La compagnie décide d’abord de suivre les traces des deux étrangers. Huwgh, le fermier, a l’habitude de chasser, il saura suivre des traces.
Leur quête les mène, finalement, nulle part, car au bout de deux ou trois jours, les traces disparaissent. Mais non loin de là, se trouve une grotte. Autant aller voir, on ne sait jamais. Ils allument des torches, et s’avancent en file indienne. Ils s’enfoncent dans un souterrain, prudemment. Mais le danger n’est pas devant, il est derrière. Une araignée géante tombe du plafond derrière eux. Et l’avant est bloqué par une toile géante. Courageusement, les quatre novices aventuriers combattent le monstre. Tous vont au contact de la bête répugnante, sauf Huwgh, qui tente le jet de pierre à la fronde. Mais chaque jet est un échec, peut-être à cause d’un bras tremblant. Finalement, le monstre est terrassé, non sans avoir piqué au passage Frère William Gardakan. Mais jet de vigueur contre le poison réussi, Saint Cuhtbert soit loué ! Milamber, par ailleurs, ne manque pas d’extraire les glandes de l’arachnée pour en recueillir le venin dans une fiole. Déformation professionnelle d’apothicaire, sans doute. Ou de magicien.
Une fois la toile brûlée, les quatre aventuriers décident de s’avancer plus loin. Ils ne trouvent rien d’autre qu’un antre, rempli d’une dizaine d’araignées géantes, du même acabit que la précédente. Le mieux est de fuir, le plus vite possible !
Une fois sorti de cet antre arachnéen maléfique, et comme les traces des supposés voleurs ont disparu, le mieux est d’aller demander au vieux fou de la montagne. Direction le Sud, vers les monts Lortmil. Tout en contournant les collines de Kron, car là-bas, le peuple gnome est en état d’insurrection contre la mainmise des humains de Véluna sur leur pays.
Fouillant dans leur mémoire, le groupe se rappelle tous les racontars sur le lieu où peut se trouver le repaire du vieux sorcier. Après de nombreuses recherches, ils finissent par trouver. Mais à peine sont-ils entrés dans la grotte, qu’une voix venant de nulle part leur intime l’ordre de laisser leurs armes à l’entrée. Frère William, n’ayant aucune envie d’abandonner sa masse d’arme magique, refuse. De même Milamber. Conséquence : le clerc et le magicien sont paralysés, et seuls Huwgh le fermier, et Tordoc’h, le forgeron, peuvent s’avancer à la rencontre du vieux sorcier. Quelques temps après, qui a semblé une éternité aux deux paralysés, Huwgh et Tordoc’h reviennent vers le clerc et le magicien, avec les renseignements voulus. Ce sont bien les étrangers qui ont volé le livre sacré, et ils se sont réfugiés dans les collines de Kron. En échange de ces renseignements, Mandanak – tel est le nom du vieux sorcier - a demandé à ce qu’ils viennent tous les quatre à son service pendant un mois. Ne sachant trop que faire, Huwgh et Tordoc’h ont accepté. Et comment savoir si Mandanak dit la vérité ? Impossible. En tout cas, le vieux sorcier leur a demandé de dégarpir de chez lui en vitesse, et vu les pouvoirs magiques du personnage, il vaut mieux lui obéir. Ils sont simplement quittes à revenir, une fois le Livre retrouvé (s’ils le retrouvent), pour servir le vieux sorcier.
Direction les collines de Kron, cette fois-ci. Tant pis pour les gnomes. Et d’ailleurs, se dit William Gardakan, si quelqu’un peut maintenant nous aider à retrouver les deux roublards, ce sont bien les gnomes ! Qui connait mieux le territoire des collines de Kron que les gnomes ? Même s’ils sont en état de rébellion, il y aura sûrement un moyen de parlementer avec eux, Frère William n’en doute pas. Autant s’installer un soir dans les collines, dans un petit coin agréable et sympathique, faire un bon feu, et attendre que les gnomes nous tombent dessus ! Au bout d’une heure ou deux, des petits points commencent à luire autour d’eux dans l’obscurité de la nuit, par dizaines, une centaine, peut-être ? Puis il s’avère que ces petits points sont des yeux, les observant. Frère William contient sa joie. Les yeux s’approchent, appartenant, cela ne fait aucun doute, à des êtres de petite taille. Sauf que ce ne sont pas des gnomes, mais des gobelins. Oh, misère ! Quelle erreur ! Une centaine de gobelins leur tombe donc dessus, et les fait tous les quatre prisonniers, après les avoir assommé.
Ils se réveillent, dans l’obscurité. Ils sentent un courant d’air, autour d’eux. Ils ont les pieds attachés, ainsi que les mains derrière le dos. Milamber réussit malgré tout à lancer un sort de lumière, et ils voient qu’ils sont tous les quatre dans une hutte, et avec eux, les deux roublards recherchés sont là aussi, pieds et mains liées eux aussi. C’est le moment des explications. Les deux voleurs nient, mais peut-on les croire ? En tout cas, ils sont tous les six dans la même situation, prisonniers des gobelins, et ceux-ci sont prêts sans doute à les sacrifier à leurs hideux et horribles dieux.
Puis, au bout d’un moment, ils entendent des bruits au dehors, les bruits d’une grande agitation. Comme Milamber et William comprennent l’orque (un dicton du village dit qu’il faut toujours connaître la langue de ses pires ennemis), langue voisine du gobelin, ils comprennent que les gobelins sont attaqués. Puis la suite leur confirme cette hypothèse : le village gobelin est bel et bien attaqué. Mais par qui ? Par quoi ?
La réponse vient au bout d’une demi-heure. La porte de leur cellule s’ouvre avec fracas, et ils voient un guerrier gnome, de noble prestance, accompagné de deux soldats de la même race, entrer en vainqueur dans la hutte. Le chef gnome semble à peine surpris. Il observe les humains captifs, et avec un demi-sourire, leur dit dans un commun approximatif : « Les gobelins…on les a tous massacré. Ils viennent de connaître une défaite dont ils se rappelleront longtemps! ». Puis, l’œil sévère, il leur demande : « Qui êtes-vous ? ».
Vient alors l’heure des explications. Les Morlonniens lui racontent leur périple. Le chef gnome, du nom de Schuppnof Ninguelling, gardera les deux roublards prisonniers, comme esclaves humains. Le livre sacré est retrouvé, dans le butin de guerre des gobelins. Schuppnof accepte de le rendre à nos quatre amis aventuriers, à condition qu’il garde pour lui, en contrepartie, en plus des deux roublards comme esclaves, la masse d’arme magique de Saint Cuthbert.
Frère William est très embêté, et ne comprend pas. « Mais, si je puis me permettre, grand chef gnome, et sans vouloir vous offenser, cette masse d’arme est…euh… trop grande pour vous ».
Mais Schuppnof ne veut rien savoir. Il s’en fiche, il s’en servira comme arme à deux mains. Et il estime qu’avoir un objet béni, même par un dieu humain, peut être bénéfique à la défense de son peuple.
Accord conclu, non sans regret pour Frère William. Mais devant la possibilité de remettre enfin la main sur le livre, il faut hélas, faire ce sacrifice. Il remet la masse d’arme magique au chef gnome, et récupère le livre sacré de ses ancêtres.
Puis nos quatre aventuriers s’en retournent, sans s’attarder parmi les gnomes. Ils ont compris que ceux-ci ne plaisantent pas, et qu’ils auraient pu aussi bien, si la négociation avait tourné court, se faire couper la tête par eux, aussi bien que par les gobelins. Et du reste, il n’y a pas eu négociation. C’est plutôt le chef gnome qui leur a fait grâce.
En chemin, donc, vers le village, vers le Nord-Est, et sans traîner ! Quel accueil triomphal ne vont-ils pas recevoir !
Mais ce n’est pas tout à fait terminé pour eux. Ils s’aperçoivent bientôt qu’ils sont suivis par des gobelins. Sans doute un reste échappé du massacre, et qui veut se venger sur eux. Les gobelins sont huit, et les rattrape rapidement. Le combat s’engage, à deux contre un, en défaveur de nos amis aventuriers. Quand le premier gobelin, tenant à la main une masse d’arme, fonce sur Frère William, celui-ci lance un sort d’injonction sur la créature goblinoïde, et tendant la main vers elle, lui donne un ordre, d’un seul mot : « donne ! ». Le gobelin, stoppé en plein élan, et dépossédé de sa volonté un court instant, comme un automate et sans réfléchir, donne sa masse d’arme à Frère William. Aussitôt, celui-ci fracasse le crâne du gobelin avec sa propre masse d’arme. Frère William boit du petit lait !
Le combat tourne en faveur des aventuriers, et bientôt, tous les gobelins sont massacrés.
Il ne reste plus qu’à revenir à Morlonn, en véritable héros, le livre sacré sous le bras.